vendredi 14 décembre 2012

Les péchés, des petites morts.


L'évangile du 10/12/2012 rapportait la guérison miraculeuse d'un grabataire emporté à travers le toit par son entourage. J'ai été surpris du dialogue que cela a occasionné avec les pharisiens, si l'on peut nommer dialogue les déclarations de Jésus en réponse aux pensées non formulées de ceux-ci1. Jésus pardonne d'abord les péchés du grabataire. Suite à quoi Il suppose que les pharisiens considèrent cet acte impossible sinon à Dieu. Pourquoi est-ce aussi incroyable de se permettre de pardonner tous les péchés d'un homme ? Héritiers d'une longue tradition chrétienne nous avons l'habitude que les péchés soient pardonnés. Peut être ne savons-nous plus tout à fait ce qu'est un péché ? Qu'il soit incroyable qu'ils puissent être pardonné par une parole humaine peut peut-être nous aider à retrouver le sens profond des péchés. Cette difficulté à croire le pardon des péchés fait penser à la difficulté à croire en la résurrection. Et si les péchés étaient comme de petites morts. Leur pardon est aussi miraculeux que de permettre à un paralysé de marcher, que de redonner vie à un homme mort et enterré depuis trois jours.
D'entendre les péchés comme des petites morts pourraient aussi nous aider à relire le péché archétypal du troisième chapitre de la Genèse. Le péché n'est pas d'avoir mangé le fruit et par là avoir bravé un interdit. Ce n'est pas comme un petit enfant qui aurait désobéi. Le péché, c'est le fait qu'à travers cet acte se manifeste que l'homme et la femme n'ont plus confiance dans la parole divine, ils ont même peur d'Ellui au point de se cacher d'Ellui. Car après cette méditation, l'interdit de manger du fruit de « l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais2 » se révèle comme autre chose qu'un interdit arbitraire comme je le pensais jusqu'à présent. Cela ne cessait de m'étonner, si le Seigneur dans la suite de la révélation a eu à cœur de proposer une éthique aux humains, pourquoi la cause de la chute aurait été un interdit de disposer d'un sens moral ? Car en effet les dix paroles commencent par des une présentation dela Divain et de son juste culte pour aboutir à des interdits qui garantissent la justice entre humains. Mais toutes ces paroles se rapportent à des relations, relation àla Divain puis aux humains. La connaissance de ce qui est bon et mauvais serait au contraire un solipsisme. L'être qui prétendrait en disposer serait juge de ses actes sans avoir à en référer à autrui, sans avoir à écouter, à considérer l'effet qu'il produit sur autrui, etc. Et en effet c'est ainsi que läe Divain explique son interdit : « car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir ». Un individu dans cet état de juge absolu, absolument autonome de toute relation avec autrui, ne serait plus de fait un être vivant, car la Vie est absolument une ouverture à l'Autre. Le récit de Genèse 2 montre bien comment on en vient à cette mort. Le serpent met en doute la parole divine. La Femme résiste. L'homme est là au côté de la femme sans prendre partie. La femme succombe finalement à la méfiance instillée par le serpent. L'homme suit sa femme. Ils se considèrent chacun seul juge du bien et du mal. Sans avoir à en parler ellils concluent de leur état de nudité que cela est mal, et ellils se cachent. Ellils se cachent l'unë à l'autre. Et ellils se cachent du regard dela Divain. La méfiance serpentine a gagné, les individus se trouvent enferrés dans un solipsisme moral et existentiel. Ellils se croient être devenu « comme des dieux ». Alors que le Dieu de Vie lui même a besoin de nous, Ellui qui sort d'Ellui-même pour aller à notre rencontre, qui nous cherche.

La petite mort du péché, fille de la méfiance, a eu lieu. A partir de ce point, c'est presque par enchaînement logique que la Grande Mort s'inscrit dans l'humanité. Ce manque de foi dans le fait que le dépérissement organique d'un individu représenterait la fin d'un monde.

Les péchés sont donc ce qui nous coupent de la foi, de la confiance en la vie, de l'envie de rencontrer l'autre, du goût d'aimer son prochain, etc. Pardonner les péchés restaure l'humain dans la Vie. Rien ne peut le couper définitivement de la Vie. Pas même la grande mort, puisque nous sommes promis à la résurrection. Le sacrement de la réconciliation figure bien parmi les sacrements essentiels de l’Église.
1Lc 5, 17-26
2Gn 2, 17

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