samedi 10 décembre 2011

Les inutiles: ceules que la "crise" fabrique pour nous faire peur.

Texte de présentation du reportage "La Grèce ou le triomphe des idées qui ont fait faillite"; de là-bas si j'y suis (D.Mermet; http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2318)

"Coup d’état financier, occupation économique, dictature de la finance, stratégie du chaos… Cette fois ce ne sont plus des mots. Ce ne sont plus des métaphores d’altermondialiste. (…) Cette fois, c’est en vrai : les cheveux gras dans les rues vides, le dos vouté devant les boutiques fermées, les trois anars plus ou moins défoncéés devant un feu de palette, la queue devant la soupe de nuit. Cette fois c’est pour de vrai. Ce n’est plus des chiffres, des analyses, des graphiques, des recherches, des bouquins ni des prophéties. Ce n’est plus ceules qui sont ordinairement frappéés. Les préposéés à la dèche et au malheur. Cette fois les taxis sans clienttes attendent de jour comme de nuit. Cette fois les jeunes diplôméés quittent le pays. Cette fois 14 000 entreprises ont fermé dans les six premiers mois de l’année. (…) Plus de couverture maladie pour les retraitéés, pour les chômeurzes, pour les sans-abris… (…) Mais surtout, avant tout, on rencontre, on croise des [humains] qui ne servent à rien. Hé Hé Hé ! Qui ne servent absolument à rien. [Ellils] sont en trop. Des milliers, des millions de bouches inutiles. C’est curieux, c’est drôle qu’on en arrive là, non ? Des gens qui ne servent à rien, qui sont même des problèmes. Chacunë est un boulet en Grèce aujourd’hui. Chacunë a intériorisé ça dans ce pays. Euh… Dans ce seul pays ? Non, dans d’autres, dans pas mal d’autres pays. Cette inutilité gagne. C’était sectoriel. C’était par endroit. C’était à la sortie d’un plan social. C’était dans une petite manif famélique de chômeurzes. C’était au creux, dans le secret d’une famille. Là, c’est tout un pays. C’est là où nous allons aujourd’hui. Avec une inquiétude, celle de vous faire peur. Parce que tout se passe comme si ce qui arrive à la Grèce avait été mis en scène pour faire peur. Pour nous (…) faire accepter. Pour nous conduire à la résignation, à l’impuissance. Attention à ce piège-là !"

Note: ce texte a été adapté en y introduisant le genre universel.

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