dimanche 20 février 2011

Prostitution en Afrique et Colonisation - Au Congo belge: effet du travail forcé, et après...

"Quelles sont les répercussions de cette politique de la main-d'oeuvre, dont nous venons d'esquisser les grandes lignes, sur la vie du Noir?
On a pu dire qu'au surmenage, le prolétaire de l'Afrique tropicale réagit en mourant. Du 1er janvier 1927 au 30 novembre 1930, à l'Office du Travail qui se cahrge du recrutement des travailleurs emplyé par l'Etat, on a constaté 2340 décès sur un effectif de 10 à 11 000 hommes, soit une moyenne efrrayante de 7,7% par an. Au village, pendant la même période et sur une effectif de même nombre, il y eut 732 décès, ce qui ne représente qu'une moyenne annuelle de 1,7%.
Et ceux qui résistent, que deviennent-ils? M. Depuydt nous le dit, dans un article bien documenté sur le travail forcé.

Les travailleurs sollicités forment bientôt une classe sociale à part, qui tant qu'elle travaille est une catégorie d'indigène sur laquelle on peut fonder quelque espoir pour l'avenir. Mais une fois sans travail, ces noirs déracinés sont voués à l'anarchie matérielle, morale et intellectuelle. L'indigène, arraché à son milieu et transplanté dans un centre industriel ou urbain, a perdu le contact de sa tribu. Sans s'être assimilé toute notre civilisation, il en a cependant recueilli et digéré certaines parcelles, et il s'en juge infiniment supérieur à l'indigène ordinaire. Grâce à son travail et à son salaire, il a améliorer sa vie matérielle, et, en maints points, a imité les habitudes des Blancs. Lorsqu'il n'a plus de travail, il ne veut plus retourner dans le village de ses ancêtres, il devient paresseux et de met à rôder autour des villes et des postes. Il y vit d'expédient, en dehors de toute loi, et, trouve dans le vol et la prostitution les ressources qu'il dédaigne de demander au travail... Mais il y a plus. Une mobilisation générale de la main-d'oeuvre jetait en 1925 le trouble dans la vie sociale de nos pays d'Europe. En Afrique, ce trouble se manifeste par le mauvais état des villages, l'insuffisance des cultures et tous ces phénomènes se traduisent par le fléchissement de la natalité et l'augmentation de la mortalité. Le départ de l'indigène exerce sur la natalité une double influence, l'une directe, par le déficit des conceptions dans les ménages séparés; l'autre indirecte, et plus grave, par la propagande des maladies vénériennes qu'elle favorise, par la désorganisation sociale qu'elle entraîne et la dépravation des moeurs qui en est la conséquence...

M. Depuydt. "Le Noir et le Travail forcé", Revue de l'Aucam. Novembre 1934"



"La Belgique aux prises avec le Congo"
Hennart Robert
Esprit, février 1936. p.773-774

Commentaires: exemple affligeant du ton colonialiste, qui semble imputer la responsabilité de la déchéance des colonisés à eux-mêmes... En tout cas, il témoigne du développement de la prostitution (masculine?) parmi les travailleurs forcés mis au chômage. L'auteur cité semble avoir une certaine familiarité avec ces "paresseux" qui "rôdent" autour des centres urbains...

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